Le café, théâtre de la vie sociale

Le mot café désigne aussi bien la boisson que le lieu dans lequel on peut la déguster. Si ce terme est passé si vite dans le langage courant, c’est certainement grâce à la fonction sociale essentielle de ces lieux de vie.

Lors de son introduction en Europe au XVIIème siècle, le café connaît d’abord un usage médicinal : c’est chez les apothicaires que l’on peut s’en procurer.

Ensuite, le plaisir que la boisson procure à l’organisme a justifié son usage social.

Au café pour écouter les nouvelles…

L’apparition de lieux spécifiquement dédiés à sa consommation, empruntés à la vie sociale du Proche Orient, participe largement à la démocratisation du breuvage comme une boisson “plaisir”.

En 1664, douze années seulement après l’ouverture du premier café londonien, l’écrivain anglais Samuel Pepys consigne dans son journal, comme une habitude quotidienne et ordinaire, cette remarque : « … et maintenant, allons au café pour écouter les nouvelles ». C’est dire comme les cafés ont rapidement intégré la vie sociale des Européens.

… et promouvoir la sociabilité

Dès leur apparition, ces établissements sont devenus des centres de la vie intellectuelle, artistique et politique, permettant de promouvoir la sociabilité. « Il lie d’un lien plus étroit les hommes nés pour la société », écrit l’académicien Antoine Galland (1646-1715).

John Houghton, vers 1710, va même plus loin : « Les cafés rendent toutes sortes de gens sociables ; le riche et le pauvre se rencontrent, tout comme le savant et l’ignorant. »

Cependant, à la fin du XVIIème siècle, marqués par le renforcement des distinctions sociales, les cafés deviennent plus fermés.

Il faut attendre le XIXème siècle pour que disparaisse cet élitisme. La consommation de café peut alors se répandre dans les classes sociales modestes, tandis que les plus délicats se tournent vers les clubs privés ou les salons familiers.

Aux XIXème puis XXème siècles, le café et les cafés sont si totalement intégrés dans la vie sociale de toutes les classes, que le mot n’implique plus aucune spécificité de lieu ou de fonction.

La perte d’identité du café dans les multiples boissons servies est le signe visible de son acceptation : il fait partie intégrante, maintenant et partout, de nos vies…