Caféine et cancers cutanés : les résultats expérimentaux positifs confirmés chez l’Homme

Des études expérimentales antérieures ont montré que la caféine pouvait « réparer » les dommages cutanés dus à une exposition excessive aux UV. Et des travaux récents (1) sur des kératinocytes humains en culture et chez des souris mutantes viennent de mettre en évidence un possible mécanisme : l’identification d’un site d’action moléculaire de la caféine qui stimule la mort par apoptose des cellules précancéreuses de la peau après exposition aux UV et exerce des effets inhibiteurs sur la carcinogenèse induite par les UV.

Ces données expérimentales viennent également d’être confortées par une étude épidémiologique réalisée en Australie (2), montrant une prévention de la récidive du cancer cutané le moins agressif, le carcinome basocellulaire, chez les forts consommateurs de café.

Dans cette étude (1), les auteurs ont analysé l’association entre la consommation de caféine et de café et l’incidence des carcinomes basocellulaire (CBC) et spinocellulaire (CSC), qui se développent tous les deux aux dépens des kératinocytes de l’épiderme.
La consommation de caféine et de café a été estimée par des questionnaires alimentaires en 1992, 1994, et 1996 chez 1 325 résidents adultes sélectionnés au hasard dans la communauté subtropicale australienne. Toutes les données histologiques confirmant des tumeurs de type CBC et CSC diagnostiquées entre 1997 et 2007 ont été enregistrées. Les données ont été ajustées pour les facteurs de confusion incluant le type de peau et les indicateurs d’exposition au soleil.

Les auteurs n’ont observé aucune association – négative ou positive – entre la prise totale de caféine ou de café « normal » ou décaféiné et l’incidence du CBC ou du CSC.

Pour les personnes qui avaient déjà eu un cancer de la peau, le risque de développer un CBC est réduit de 25 % dans le groupe consommant le plus de caféine, toutes sources confondues (équivalant à au moins 3 tasses de café par jour) comparé au groupe consommant l’équivalent de 0-1 tasse de café/jour (risque relatif multivarié 0,75 ; intervalle de confiance 95 % : 0,57–0,97 ; p pour la tendance = 0,025).
Mais les auteurs n’ont observé aucun effet de la caféine pour le CSC.

Les auteurs concluent que, chez les personnes qui ont déjà eu ce type de cancer de la peau, une consommation relativement élevée de caféine (de toute origine) pourrait avoir un effet favorable pour prévenir le développement d’un nouveau carcinome basocellulaire.

Pour en savoir plus :
(1) Conney AH et al. Mechanisms of caffeine-induced inhibition of UVB carcinogenesis. Front Onco 2013 Jun 17, Epub ahead of print.
(2) Miura K et al. Caffeine intake and risk of basal cell and squamous cell carcinomas of the skin in an 11-year prospective study. Eur J Nutr, 2013 Jul 4, Epub ahead of print