Du café contre la rosacée

Une étude très récente sur une grande cohorte de femmes américaines met en évidence une relation entre la consommation de caféine et de café et le risque de développer des poussées de rosacée.

On sait que la caféine diminue la vasodilatation et a des effets immunosuppresseurs marqués qui pourraient réduire le risque de rosacée. Cependant, les boissons chaudes peuvent déclencher des poussées de rosacée. La relation entre le risque de rosacée et la consommation de caféine, y compris sous forme de café, n’est pas claire. Le travail a été réalisé sur une cohorte de 82 737 femmes de la Nurses’ Health Study II (NHS II) qui est une cohorte prospective mise en place en 1989, avec un suivi biennal entre 1991 et 2005. Les analyses ont été réalisées entre juin 2017 et juin 2018. Les données sur les consommations de café, thé, sodas et chocolat ont été collectées tous les 4 ans au cours de la période de suivi. L’information sur l’histoire de la rosacée diagnostiquée cliniquement et l’année du diagnostic ont été collectées en 2005.

Un total de 82 737 femmes ont répondu à la question concernant le diagnostic de la rosacée en 2005 dans la cohorte NHS II et ont été incluses dans l’analyse finale (âge moyen ± DS à l’entrée dans l’étude, 50,5 ± 4,6 ans). Pendant les 1 120 051 personnes-années de suivi, les auteurs ont identifié 4 945 cas incidents de rosacée. Après ajustement pour les autres facteurs de risque, ils ont retrouvé une association inverse entre une consommation accrue de caféine et le risque de rosacée (hazard ratio pour le quintile le plus élevé d’ingestion de caféine (˃ 411 mg/jour) comparée au plus faible (< 46 mg/jour), 0,76 ; IC 95 %, 0,69-0,84). Une association inverse significative avec le risque de rosacée a aussi été observée pour le café (HR, 0,77 pour une consommation ≥ 4 tasses/jour comparée à une consommation < 1/mois ; IC 95 %, 0,69-0,87), mais cette relation n’est pas retrouvée avec le café décaféiné (HR, 0,80 ; IC 95 %, 0,56-1,14). D’autres analyses ont montré que l’augmentation de la consommation de caféine contenue dans d’autres boissons et nutriments (thé, sodas et chocolat) n’était pas significativement associée à une réduction du risque de rosacée.

Cette étude est la première à montrer une diminution du risque de développer une éruption cutanée grâce à la consommation de caféine et de café caféiné. D’autres études restent nécessaires pour clarifier les mécanismes d’action de cette association, d’étendre cet effet à d’autres populations et différents types de rosacée ainsi qu’à l’effet de la caféine sur la protection de la peau en général. En effet la caféine a également un rôle préventif dans le cancer de la peau.

 

Pour en savoir plus

Li S, Chen ML, Drucker AM et al. Association of Caffeine Intake and Caffeinated Coffee Consumption With Risk of Incident Rosacea In Women. JAMA Dermatol. 2018 Oct 17. [Epub ahead of print]