La consommation quotidienne de café réduit les symptômes dépressifs et le risque de suicide chez les femmes

De nombreux articles sont déjà parus sur l’association entre la consommation de café et dépression-suicide. La plupart n’a pas fait de distinction entre les sexes ni exploré la population vieillissante. Les deux articles détaillés ci-dessous montrent un effet positif de la consommation de café sur le suicide et la dépression chez les femmes âgées.

 

La dépression est un important problème de santé publique en général et chez l’individu âgé en particulier, mais la relation entre les symptômes dépressifs et entre la consommation de café n’a pas été spécifiquement abordée chez le sujet âgé. Dans la population plus jeune, mature, plusieurs études ont fait état d’une association entre la consommation de café et la réduction des symptômes dépressifs. Toutefois, les sujets âgés pourraient réagir différemment des sujets matures. C’est pourquoi cette étude japonaise a testé les effets antidépresseurs du café, du thé vert et de la caféine chez les femmes âgées (1).

Les sujets étaient 1992 femmes âgées de 65-94 ans soumises à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires incluant leur consommation de café, thé vert et caféine et à une évaluation de leurs symptômes dépressifs. Seule la consommation de café était associée à une prévalence plus faible des symptômes dépressifs, avec des odds ratios (ORs) de la consommation la plus élevée de café (194 g/1000 kcal) par rapport à la plus faible (0 g/1000 kcal) de 0,64 (Intervalle de confiance, ICI 95 % = 0,46-0,88). La consommation de caféine seule était inversement associée aux symptômes dépressifs, mais l’association n’était pas statistiquement significative (OR = 0.75 ; IC 95 % = 0,55-1,02).

Ces résultats suggèrent que l’association inverse entre la consommation de café et les symptômes dépressifs est retrouvée dans toutes les tranches d’âge y compris chez les femmes vieillissantes et ne serait probablement pas uniquement liée à la caféine, mais également à d’autres constituants spécifiques du café. Par contre, aucune association n’a été mise en évidence avec le thé vert.

 

Dans une seconde étude (2), un groupe coréen s’est intéressé aux conséquences de la consommation de café sur les idées suicidaires en fonction du sexe. Cette étude inclut un très grand groupe d’Asiatiques. Elle a considéré également le sexe, la consommation de café, et des aspects de santé mentale incluant le suicide, la dépression, et le sommeil.

L’analyse a été réalisée à l’aide des données de l’étude de la Cohorte Kangbuk Samsung (KSCS) provenant de 80 173 individus. La relation entre la consommation de café et les idées suicidaires a été analysée après ajustement des problèmes de dépression et de sommeil en fonction de l’âge.

Chez les hommes et les femmes ayant des idées suicidaires, on retrouve une proportion élevée de consommateurs d’au moins 4 tasses de café par jour. Toutefois, après ajustement pour l’âge, et d’éventuels problèmes de dépression et de sommeil, le risque de suicide diminue chez les femmes consommant 1 à 4 tasses de café par jour, mais reste inchangé chez les hommes.

Le suicide est causé par une conjonction complexe de facteurs psychosociaux. Indépendamment des problèmes de dépression ou de sommeil, une consommation régulière et modérée de café réduit le risque de suicide et de dépression chez les femmes. La fréquence d’une consommation élevée de café dans les groupes avec des idées suicidaires reste à clarifier, mais l’hypothèse suivante se pose : serait-ce une tentative des individus de consommer davantage de café en raison de ses propriétés stimulantes ?

 

Références

  1. Kimura Y, Suga H, Kobayashi S, Sasaki S. Three-Generation Study of Women on Diets and Health Study Group. Intake of coffee associated with decreased depressive symptoms among elderly Japanese women: a multi-center cross-sectional study. J Epidemiol 2019 Jun 22.
  2. Park H, Suh BS, Lee K. Relationship between daily coffee intake and suicidal ideation. J Affect Disord 2019 Jun 22 ; 256 : 468-472.